Sooooooooo British !
Histoires de superstitions
Je ne pouvais pas y résister.. Moi l'amoureuse des sorcières médiévales et des chats noirs, je ne pouvais résister à l'appel de cette date pourtant bougrement ordinaire : vendredi 13 ! Et ce que j'aime par-dessus tout, c'est croiser le regard de ces gens si rationnels qui, à l'évocation de cette date, vous regardent avec dédain et haussent les épaules en déclarant : "Vendredi 13? Bof ! Moi, de toutes façons, je ne suis pas superstitieux !" Ce sont ces mêmes personnes qui vont acheter leur billet de loterie ce jour-là ou retournent le pain sur la table d'un geste affolé... Les mêmes qui se mordraient la langue plutôt que de prononcer le mot "corde" sur scène... Nous, bien sûr, nous sommes de bons cartésiens et pourtant... Après tout, "nous sommes superstitieux, donc nous sommes". A cet égard, je ne me lasse jamais de raconter une petite anecdote que je trouve très révélatrice à propos de nos croyances et de nos superstitions. Il s'agit de l'histoire d'un roi qui, désireux de connaître son royal destin, décida de consulter une voyante. Celle-ci, après une longue lecture silencieuse des lignes de la main, confia à son souverain qu'elle voiyait sa vie s'achever brutalement à Fontainebleau. D'abord effrayé par la prédiction, le monarque finit par sourire et conclure sereinement : "Je dois mourir à Fontainebleau, dites-vous? Eh bien, il me suffit de n'y point mettre les pieds et nous verrons, alors, ce qu'il adviendra..." Fier de sa démonstration, le souverain remercia la voyante et rentra tranquillement au Palais. Quelques mois plus tard, le bon roi fit atteler ses chevaux pour se rendre dans son nouveau pavillon de chasse spécialement aménagé en remplacement de celui de Fontainebleau, où il refusait désormais de séjourner. En chemin, une terrible tempête obligea le carrosse à quitter la route principale sur laquelle un tronc d'arbre s'était abattu. De petits chemins en routes traversières, le convoi royal atteignit enfin une petite ville où le roi ordonna de faire étape pour la nuit ; d'un naturel prudent, le roi préféra demander l'hospitalité à ses dévoués sujets plutôt que de s'entêter à poursuivre des routes impraticables. Le roi et son escorte reçurent le meilleur accueil auprès des habitants de la petite bourgade, de l'aubergiste qui offrit à son roi bien-aimé un somptueux repas au plus humble des paysans qui ne le laissa pas repartir sans quelque présent de la ferme. Comblé par cet accueil des plus chaleureux, le roi s'aprêtant à quitter les lieux dès le lendemain matin, fit demander quel était le nom de la ville où les habitants lui avait témoigné autant de respect et de sympathie. "Sire, lui répondit le curé, ce sont les habitants de Fontainebleau qui ont eu l'honneur de vous recevoir dans leur ville!". A ces mots, le roi, repensant à la prediction de la voyante, fut frappé de terreur et tomba, mort.
Le plus drôle dans l'histoire, c'est que les grands amateurs de superstitions et autres signes branlants du destin n'y voient que la marque de l'implacable force supérieure qui guide nos vies... Pour ma part, je me contenterai de plagier Desproges en reprenant sa formule fétiche : étonnant, non?
La colère, un vrai savoir-ire à la française
Pour avoir souvent discuté avec une amie néerlandaise de ce qui l'amusait ou ce qui lui paraissait étrange dans le comportement des Français, j'ai remarqué qu'un mot revenait souvent : la colère. Il faut dire que cette impassible Batave, qui vit en France depuis bientôt quarante ans, est douée d'une nature apaisée et apaisante, d'un calme qu'elle communique volontiers dans son timbre de voix et ses propos toujours mesurés. Difficile pour elle -pourtant ô combien insérée dans la vie française- de se gausser du jeu de certains acteurs qui incarnent le parfait petit Gaulois irascible, tels De Funès ou, dans un autre genre, Blier. Personnellement, j'ai toujours eu une tendresse particulière pour les grincheux et les colériques du petit et grand écran, les coups de gueule de Muriel Robin dans Tout m'énerve ou encore Saint Jacques la Mecque. Cette incompréhension me ramène une fois de plus à la question de la culture véhiculée par notre langue maternelle. Tous ceux qui ont un jour entrepris d'apprendre une langue étrangère -avec toute l'humilité que requiert cette démarche- le savent bien : au-delà des mots, on entre également en contact avec des façons d'être et des modes de pensée étrangers, que l'on s'efforce d'analyser et de comprendre mais que l'on ne fait pas nécessairement siens. Il en va ainsi pour l'art très français de la colère. Je crois qu'il faut être imbibé de culture latine pour ne pas s'effrayer des éclats de voix dont sont capables nos compatriotes pour des motifs parfois bien futiles. C'est là une particularité de nos colères : elles naissent de tout et de... rien ! L'Anglais et son flegme légendaire ne pourra s'empêcher d'écarquiller les yeux d'incompréhension aux premiers crescendos provoqués par quelque propos malheureux. Les populations nordiques s'étonneront toujours de voir le petit Gaulois s'empourprer de colère dès la plus petite contrariété et vociférer des propos radicaux dans un argot à peine compréhensible pour l'oreille étrangère. Dès lors, quand il s'agit de mettre en scène des colères "bien de chez nous", les artistes se frottent les mains d'avance. Ils vont pouvoir trépigner, hurler, se perdre en déclamations apocalyptiques et se réjouir d'avance à l'idée que nous serons tous pliés devant ces excès d'ire que nous reconnaissons presque comme notre patrimoine national. D'ailleurs, le très méridional et très irascible Raimu n'est-il pas l'emblème même de ces accès de colère délirants et décalés que l'on revoit toujours avec le même plaisir dans les indémodables productions pagnolesques? Oui, mais voilà. Le rire comme la colère ne s'exportent pas si facilement. Difficile de comprendre les colères latines quand on a pour exemple national les trépignements agacés d'un McEnroe et son désormais très célèbre "you cannot be serious!"... Bon, après tout, on ne peut exceller dans tous les domaines. Ici, en France, nous restons les champions incontestés (et parfois incompris) de la colère... On a les records qu'on peut!
Despote Mimine
Qui ne s’est jamais heurté aux exigences d’un chat n’est probablement jamais entré réellement en communication avec la gent féline. Que voulez-vous ? On ne peut pas avoir accédé un jour au statut de divinité de l’Antiquité Egyptienne et ne garder aucune trace de ce prestige passé… Si l’on rajoute à cela le fait que le chat est encore adoré et vénéré comme un Dieu dans certains foyers éclairés, l’on comprend mieux que sa Majesté le Chat, non content d’avoir une haute opinion de sa personne, vous regarde d’un air dédaigneux lorsque vous ne lui donnez pas entière satisfaction. Nos publicités à deux sous le font doucement glousser. Lui ne mérite pas une simple lotion capillaire : il vaut tout l’or du monde et mieux que ça encore. Il a été chanté par les poètes, lui… Ses yeux "mêlés de métal et d’agate" ont longtemps été à l’affiche à Broadway. C’est l’intouchable beauté céleste, la quintessence de la dignité sereine, celui que Kipling appelle respectueusement the cat that walked by himself. Qu’on se le dise : même lorsqu’il gratte sa litière avec ferveur dans un moment d’urgence urinaire, le chat reste digne. Il suffit d’observer avec quel souplesse il va maintenir son arrière-train à quelques centimètres à peine de la couche de gravier tout en jetant aux alentours un regard grave et solennel. Rien ne l’ébranle, pas même votre présence indiscrète à quelques pas. D’ailleurs, il sait vous tourner le dos ou regarder derrière vous comme si vous étiez transparent. Il n’aime rien tant que de fixer le plafond d’un œil inquiet pour vous voir bêtement vous retourner et chercher ce qu’il regarde. Et le temps que vous compreniez la supercherie, le voilà parti ! Ah, Despote Mimine, que l’on retrouve bientôt perché sur quelque étagère, au milieu des bouquins ! L’adorable canaille, esprit du salon, qui vous tend son cou soyeux pour vous faire oublier ses pantomimines matinales.
Le mien s’appelle Phoebus, j’habite chez lui depuis près de treize ans. Et vous ?
Vous avez dit seul?
Mais au fait, que savez-vous de la solitude ? N'y voyez-vous qu'une définition de dictionnaire, propre et mesurée, telle que : "situation d'une personne qui est seule, de façon momentanée ou durable"? Qu'y a-t-il derrière ce mot si angoissant que jamais personne n'ose lui offrir une définition digne de ce nom ? Peut-être ceci : imaginez que vous pénétrez, tout ensanglanté, dans un dortoir à minuit. Vous hurlez de douleur et malgré vos rugissements à vous décoller les bronches, rien ne bouge autour de vous. Vos congénères roupillent comme des bienheureux, tous sagement alignés, la tête enfouie dans l'oreiller moelleux et le sourire aux lèvres. Malgré vos gestes désordonnés et la fureur dans votre voix, ils dorment paisiblement. Pour vous, l'univers s'écroule, pour eux, la nuit s'étire comme un bâillement de panthère. Vos cris ne leur parviennent même pas comme des murmures au fond de leur engourdissement. Ils dorment. Pourtant, ils ne sont pas indifférents, au contraire : ils ont tous parrainé un enfant du bout du monde, ils militent contre l'exploitation sauvage du topinambour de Crimée, ils ont leur carte d'adhérent à la fondation pour la sauvegarde des utilisateurs du subjonctif imparfait... Mais vous, ils ne vous entendent pas. C'est pas qu'ils ne voudraient pas vous aider, c'est juste qu'ils ne vous savent pas en danger. La face maculée de sang, vous venez hurler votre détresse au pied de leur lit : ils ne vous entendent pas.
"Ah bon ? Tu es passé l'autre nuit ? C'est bizarre, j'étais là mais je n'ai rien entendu..."
Ce n'est pas bizarre, cela s'appelle la solitude. La solitude, c'est de se trouver vivant dans un monde en léthargie, c'est n'entendre que ses propres cris dans le silence, c'est exhiber des blessures que personne ne voit. La solitude, la vraie, se vit parmi des millions de semblables aveugles et sourds.
Phoebus : en avril, ne bouge pas d'un cil
Le temps des cerises
Si les temps ne sont plus à l'abondance, Céret continue à voir la vie en rose. Enfin, en rouge. Là-bas, aux confins des deux Catalognes, l'on vit toujours au rythme de l'apparition saisonnière du petit fruit miracle. Mieux: on le célèbre, on en habille les rues, on l'expose comme une fierté locale (il faut dire que la modestie n'a jamais étouffé les Catalans: ils sont fiers de leur drapeau, de leur langue, de leurs dyslexiques...) Et puis, la cerise, c'est le fruit de mai, le fruit du printemps et celui des Communards. Y aurait-il quelque chose de subversif dans ces petites billes à chair tendre dont on se remplit la panse sous les feuillages dès que viennent les beaux jours? Si l'on se fie aux Catalans eux-mêmes, grands consommateurs de cerises devant l'Eternel, il y a fort à parier que la subversion ne fasse pas effet sur tout le monde... Toutefois, à y regarder de plus près, la cerise doit bien posséder quelques vertus utiles aux peuples... Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer la façon dont les politiques, tous partis confondus, évitent soigneusement d'en faire leur emblème. Quand les socialistes nous endorment avec le parfum de la rose, Jacques Chirac nous invite à "manger des pommes". Même les communistes n'osent revendiquer ce symbole ô combien populaire et préfèrent laisser la cerise au "merle moqueur". Il faut dire que la cerise incarne tout ce que nos dirigeants abhorrent : l'insouciance, l'oisiveté, le plaisir et le partage sur un carré d'herbe.
Alors, camarades de Catalogne, de France et de Navarre, vous qui ne pouvez battre le pavé aux côtés des parisiens qui manifestent en ce dimanche de mai, je vous invite à une manifestation gastronomique en signe de protestation contre tout ce qui nous emmerde en ce bas monde : organisons de grands rassemblements festifs autour des cerisiers et rendez-vous à la fête de la cersie de Céret les samedi 31mai et dimanche 1er juin 2008 !
Deux ans à Ussy...
Question de forme...
Comme chaque année, en début de 6ème, les élèves doivent apprendre à rédiger leur copie en anglais. Beaucoup se prennent au jeu et apprécient d'écrire la date, le titre et leur classe (form) en anglais. Tous sauf un, qui, dans la rubrique form déclare joyeusement : "I'm fine, thank you !".
Poli, à défaut d'être doué en anglais !